Et puisqu'il faut bien quitter REMBRANDT à un moment donné nous laisserons
donc le fascinant géant ,non pas que nous nous en soyons suffisamment
entretenus mais vous conviendrez que rien ne nous empêche d'y
revenir .Dans un autre registre aux dimensions également
étonnantes voyons ce
que nous dit cet autre géant de la peinture, le célèbre LEONARDO da VINCI ,
comment le percevons-nous, comment le voyons-nous et surtout qu'en dirons-nous...
LEONARD de VINCI
Là aussi c'est un autoportrait du peintre ,sans doute seulement un détail
tiré de la composition d'ensemble (je chercherai la repro complète) En tout
cas nous pouvons d'emblée remarquer que l'oeil droit du peintre (à
gauche sur la toile ) occupe à peu de chose près l'emplacement du fameux point
tiré de la règle d'or comme pour l'autoportrait de REMBRANDT. Ce n'est pas un
hasard bien évidemment puisque tous les deux ,à environ un siècle et demi
d'intervalle , utilisent cette même technique
afin de mieux capter l'oeil du spectateur et effectivement ,bien que le
couvre-chef et la barbe occupent de larges surfaces c'est bien l'oeil que nous
voyons en premier même si dans un deuxième temps notre regard s'attarde
sur la barbe nous sommes attirés à nouveau vers cet oeil insistant. Nous
constatons deux choses : une grande surface sombre représenté par le
couvre-chef et surtout une large surface claire et lumineuse balayant plus de la
moitié du visage de VINCI et se prolongeant dans la barbe où cette
luminosité s'atténue .La lumière est presque trop crue au point de lisser
totalement les traits et c'est un visage qui semble "rajeuni' sous l'effet
bénéfique de la lumière, les rides sont quasiment absentes, la seule marque
indiquant que le personnage n'est plus tout jeune est uniquement cette imposante
barbe grise. Nous avons là comme deux âges de la vie au même moment, la
jeunesse des traits sous l'apparence d'un vieil homme et le chercheur et
ingénieur VINCI nous montre ici une savante alchimie
qui traduit peut-être sa recherche personnelle de la pierre philosophale dont
on sait toutes les vertus Ce portrait est un portrait de sage, il a quelque
chose de l'idée que l'on se fait du visage des prophètes, et j'irai même
jusqu'à dire qu'il dégage quelque chose de presque divin du moins c'est
l'impression qu'il me donne. Le visage ici ne montre ni angoisse ni inquiétude
mais au contraire un calme serein et il règne dans ce regard plus de certitudes
que d'interrogations. Je dirai encore un mot sur cette surface claire qui est
assez hardie en ce qu'elle prolonge la joue d'une manière artificielle et
semble l'étirer en se confondant avec la barbe, ce qui du point de vue pictural
représente une anomalie mais l'oeil du spectateur rétablit de lui-même
l'équilibre et reconstitue l'implantation de la barbe à la même hauteur que
l'exemple qui lui est donné par la partie sombre, c'est là un exercice visuel
et l'on a tendance en reconstituant mentalement cette barbe à moitié disparue
à vouloir prendre un peu d'ombre pour mieux la distinguer mais, lorsque
la symétrie est rétablie on s'aperçoit de son inutilité et l'on repousse
l'ombre en acceptant l'effet premier de cette belle luminosité. On voit tout ce
que l'on peut tirer sur la plan philosophique de cette sorte
"d'interactivité" entre le peintre et le spectateur.