regard d'un spectateur sur quelques oeuvres d'art


 

Pour commencer je vous invite à porter votre  regard vers quelques oeuvres de deux des plus  grands noms de la peinture :

REMBRANDT et LEONARD de VINCI 

REMBRANDT

                                           Sait-on que REMBRANDT fut très prolifique  en auto-portraits puisqu'il en  dessina ou en peignit plus d'une centaine. Ce qui nous permet de le suivre de ses vingt ans jusqu'à sa vieillesse. Le peintre, mais surtout l'homme, n'avait de cesse de s'interroger constamment sur la nature même de son existence dans une quête ininterrompue. Ses portraits sont aussi des jalons le long de ce cheminement et traduisent d'une certaine manière son parcours intérieur.

                       LECTURE DE L'OEUVRE : MES IMPRESSIONS.


Cet autoportrait de REMBRANDT , d'une apparence simple et dépouillée, nous donne déjà un aperçu de son immense talent ; le peintre , comme dans tous ses portraits d'ailleurs, n'a eu aucune complaisance avec le reflet de sa propre image .Ici, déjà d'un âge certain , il ne dissimule ni son embonpoint ni certains traits disgracieux de son visage  et , muni des outils  de son art (il tient sa palette et ses pinceaux dans la main droite, puisque ce portrait  est la transcription picturale de l'image que lui renvoie le miroir)-REMBRANDT était gaucher-  nous donne là une expression très réelle et très expressive de son apparence physique .Comme on le remarquera d'emblée son image est légèrement décalée vers la droite et n'occupe pas le centre de la toile, le fameux nombre d'or est ici appliqué à la composition et le visage de REMBRANDT est entièrement contenu dans le petit rectangle supérieur gauche, le point d'or devant se situer à l'emplacement même de l'oeil gauche, l'oeil droit tenu dans l'ombre et n'offrant rien de particulier à observer sert de contrepoint  et  nous renvoie constamment à cet oeil gauche qui nous observe avec une présence d'autant plus insistante que ce regard semble borgne (c'est l'utilisation du fameux clair-obscur de REMBRANDT). Du point de vue de la composition je pense que REMBRANDT a employé ici le rectangle d'or appelé "croix harmonique" légèrement tronqué de manière à ce que le tableau se prolonge hors de son cadre physique, la diagonale de son vêtement nous entraîne à reconstituer la partie manquante en imaginant dans l'espace le point d'origine de cette diagonale. .Cette astuce a pour effet de rendre beaucoup plus présent le personnage .Ce choix est très pertinent car le personnage semble s'extraire de lui-même du cadre dans lequel il est représenté, lui donnant ainsi une vie particulière. A remarquer que la valeur de  fond de la toile est traitée en clair , ce qui ne manque pas de surprendre à une époque où la quasi totalité des "portraits" se détachaient le plus souvent sur un fond sombre. Les deux courbes que nous voyons derrière lui ne limitent pas des cercles comme on serait tenté de la croire de prime abord mais plutôt des surfaces ovales ou ovoïdes, elles sont placées de telle manière que le sujet peint semble , après avoir occupé un moment le point resté clair entre les deux courbes, s'être déplacé sur la gauche . Ces deux grandes courbes font office de balancier pour nous renvoyer constamment à l'endroit même qu'occupe dans l'espace le portrait de REMBRANDT. Si l'on fixe intensément cette toile jusqu'à dédoubler l'image , celle de droite viendra lentement recouvrir celle de gauche dans une sorte de simulacre de déplacement. C'est ce qui me fait dire que l'optique et les phénomènes d'illusion d'optique ne devaient sans doute pas être étrangers à REMBRANDT. Il y a  dans cette toile , en plus du talent propre à l'artiste une recherche savante des valeurs et des volumes pour aider l'oeil à dédoubler l'image et donner du mouvement à ce qui semble immobile .